Pilotage ou flicage ?

ARRIVÉE D'UN NOUVEAU LOGICIEL DE GESTION RELATION CLIENTS

Un juron accueille Michel lorsqu'il entre dans le bureau où son collègue TC, Bertrand, s'agace sur le clavier de l'ordinateur fixe. « Je n'y arriverai jamais avec ce foutu logiciel. Je ne vois pas à quoi ça sert d'aller raconter nos visites et le temps passé. Ils ne nous disent jamais rien en retour à ce sujet. » Un sourire au coin des lèvres, Michel remet de l'huile sur le feu en soulignant que « ça gave tous les collègues qui ont la sensation d'être fliqués. Moi, le premier ! »

Les deux TC continuent à vider leur sac à propos du logiciel de gestion relation clients qui a du mal à prendre, alors qu'il est dans la boutique depuis deux ans. « La mise à jour n'est pas faite et la qualification du fichier clients est incomplète. Nous ne pouvons pas recroiser les informations afin de faire des tris pertinents lors des lancements de campagne. »

C'est alors qu'Éric, leur manager, passe le seuil de la porte tout en lançant : « Vous avez tout à fait raison, cet outil manque d'animation et de praticité, mais j'ai une bonne nouvelle ! » Les deux TC se regardent, interrogateurs, puis demandent en choeur : « Vous allez nous le virer enfin ? » Amusé, leur manager rétorque : « Non, nous allons faire bien mieux, nous allons vous en offrir un tout nouveau bien plus ergonomique et facile d'emploi. » L'air dépité de Bertrand et Michel le fait partir dans un éclat de rire. « Si vous voyiez votre tête, on a l'impression qu'on vous emmène à l'abattoir ! »

Reprenant son sérieux, Éric commence alors à expliquer que le nouveau logiciel de gestion relation clients est bien plus simple d'utilisation et a une vraie valeur d'usage. « Il permet justement des tris de vos clients selon divers critères et d'établir vos parts de marché par exploitation, de déterminer le potentiel de progrès. » Rejoints par leurs six autres collègues, Michel et Bertrand écoutent attentivement les détails donnés par leur supérieur hiérarchique.

Devant leur air dubitatif, Éric rajoute que « ce n'est pas pour vous fliquer mais pour vous faire progresser, et surtout pour vous faciliter le job ». Regardant ses collègues, puis son manager, Bertrand finit par lâcher : « Et toi, quel sera ton rôle ? Car je n'y crois pas trop à la promesse de ne pas nous fliquer. »

Hélène Laurandel